LE CHRISTIANISME EN IMAGE :

SYNOPSIS 2

De la moitié du 12e au début du 15e siècle

A partir de la moitié du 12e siècle, les choses se compliquent, sans entraîner toutefois de clivage aussi net qu’on le prétend.

Une nouvelle conception de l’art se fait jour en Occident, avec l’avènement de l’art gothique. Celui-ci représente une évidente sécularisation de l’art par rapport à ce qui l’a précédé. Le raffinement et l’esthétisme, l’importance croissante accordée à l’intellect et au psychique, battent de plus en plus en brèche la fonction ontologique qui avait prévalu jusqu’ici. 

 

Simone Martini: Annonciation,14e s.  Duccio: La Maesta, Crucifixion, 14e s.  Neresi (Macédoine ): Déposition de Croix, 13e s.
Simone Martini: Annonciation,14e s. Duccio: La Maesta, Crucifixion, 14e s. Neresi (Macédoine ): Déposition de Croix, 13e s.

Si cette tendance est manifeste dans l’art gothique, l’Occident est loin toutefois d’en détenir le monopole.

Des évolutions similaires se manifestent, à peu près à la même époque, dans l’Orient méditerranéen, privilégiant la complexité, le mouvement et un certain expressionnisme.

 

Dans les deux cas, ces tendances concernent plus les centres urbains que les campagnes et que les communautés monastiques ; davantage les contrées marquées par un riche passé gréco-latin, que celles passées directement du paganisme barbare au christianisme.

Les terres slaves conserveront, pendant plusieurs siècles encore, la pureté de leur art sacré.

 

L’idée que seul l’art occidental est entré dans l’Histoire, et que l’Orient allait vivre pendant des siècles la reconduction invariante des mêmes formules, tient plus à l’ignorance et à l’incompréhension qu’à la réalité. Au fait aussi que l’Histoire et la critique d’art, nées en Occident, restent partout marquées par les axiomes de la pensée occidentale. Ainsi est né le préjugé selon lequel l’art byzantin était un art immuable et figé : reproche qui ne se justifie que pour les icônes décadentes, les seules connues pendant longtemps, parce que les seules dont l’Orient osait encore s’enorgueillir. Cette incompréhension s’explique par une approche critique, nourrie exclusivement d’art séculier, et dont les seules valeurs étaient celles d'un art d’expression intellectuelle, émotionnelle et esthétique.

Ainsi l’icône la plus accomplie a pu longtemps passer pour statique, parce que les visages n’y expriment aucun sentiment psychique, et que les corps ne s’y livrent à aucune gesticulation. Il ne peut en être autrement, pour qui ignore tout du mouvement intérieur.

La critique d’art passe donc le plus souvent à côté de ce qui est vraiment en jeu pour l’artiste chrétien, opposant cet art « figé » qu’elle ne comprend pas, à un art d’expression maquillé de piété. Mais cette opposition ne repose que sur une définition réductrice de l’art.

 

Ignorance fréquente encore des écoles intermédiaires.

Il est relativement facile d’opposer, à la même époque, l’art italien et l’art russe.

Mais on ne saurait en conclure à un schisme artistique. L’art serbe, par exemple, s’il se rattache essentiellement à la conception orientale de l’art chrétien, n’en est pas moins proche, par son exubérance, de l’art italien.

 

L’Orient et l’Occident ne sont pas des mondes clos. On passe souvent graduellement de l’un à l’autre.

 

Gracanica (Serbie) 1321     Neresi (Macédoine) 13e s.
Gracanica (Serbie) 1321 Neresi (Macédoine) 13e s.

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